Qui résiste avec une objectivité inattaquable, une sincérité intellectuelle cristalline aux charmes du Fado ? Peut-être ceux que la langue portugaise indispose ou qui reprochent à ses intertrètes - j'ai déjà entendu cela ailleurs - une côté pleurnichard. L'humanité foncière, voire viscérale qui ressort de la narration des témoignages si variés, d'épreuves de tous ordres drainés par ce support n'a pas trouvé d'opposant à l'écoute d'une Chloé Breillot formée à bonne école, maîtresse de son chant, et d'un Pierrick, subtil dans son accompagnement calibré. La Maison du Portugal - qui a un vaste choix à sa disposition - sait choisir ses perles. Le chapeauté Paul Maz a évoqué sans tabou les vieilles ficelles de son métier, devenues cordages à force d'êtres utilisées. Il s'est aussi fendu d'un inattendu cours de langues, histoire de densifier ses tours ou les explique à ceux qui n'en auraient pas compris le processus visuel. Dans le dernier, il nous a dévoilé une technique déchirante, ponctuée d'une récompense à boire. Merci, Paul, de nous rafraîchir à distance de temps en temps. Ce que j'ai perçu de fulgurant chez Mohamed Saïd, c'est son énergie ! Poète et chantre de la poésie, sûrement, mais comédien de théâtre sans aucun doute ! Quelle conviction, quelle volonté de partager ! Hélas, ce passage fut vraiment trop bref; dans un futur très proche, nous en espérons davantage; promis ? Puis Moussa nous a fait des siennes, des nouvelles et des anciennes, celles qui préparent les futures tirades qu'il placera en tête de spectacle ou en queue, ou même en garniture entre les numéros d'artistes - telles des couches onctueuses de crème pâtissière -, dont il se pourlèche les babines avant d'enguirlander d'humour nos oreilles, toujours avides d'ouïr son dire imagé. Paolo tout choco, l'humoriste en lionne 308. Rien que ça, cela donne envie de le suivre dans ses quêtes multiples : chocolat - noir, blanc, au lait, praliné, rocher, bouchée avec ou sans pépites de noisettes, etc -, vêtements, amour ! Une fois tout ceci déversé avec une force déboulonnante, un enthousiasme dévorant hyper calorique, qui pourrait encore le croire terrorisé par sa patronne ? Au fond de lui, il sait se jouer d'elle. Merci d'être arrivé vivant au bout de ce parcours cabossé. Saliha Bachiri. A voir et écouter sans modération. La prestation - trop courte là aussi - de cette petite tornade canari a ravi nos sens par la qualité de son engagement. Son imprégnation culturelle en est la base, certes, mais sa détermination est essentielle pour délivrer le don de cet art - tellement sensuel ! - qu'elle cultive, qui conduit ses pas et tout son être.
Souad Amidou au chant - et à la guitare -, Nico Leroy à la guitare - et à l'accompagnement chanté - nous ont offert d'emblée un joli et puissant blues existentiel. Ce duo bien rodé donne dans la séduction sans mièvrerie. Ensuite, avec "Bombasse", il a fait surgir la notion de prédation. Se sentir vulgairement désirée, c'est valorisant seulement sur les bords, car vivre à l'état justement non désiré de proie sexuelle est une épreuve de tous les jours lorsqu'on est femme. C'est parfois récurrent, irritant à la longue car non recherché : quand on se fait belle - je veux dire : encore plus -, c'est d'abord pour soi, ce que beaucoup d'hommes ne comprennent ou n'admettent pas. Le spectacle " Rencontres " de ce duo est à voir 8 rue Pradier, Paris 19 eme. Un numéro de danse, improvisé ou non, en tout cas très photogénique, est survenu sans crier gare ! C'est bon, c'est sain d'être remué par une telle dynamique. Pour un peu, certains se seraient bien lancés mais se sont retenus en raison de l'exiguïté de la scène, ou de la peur - qui sait ? - de bulles de savon intempestives. Yves Cusset ( 03300 ), l'humoriste polisseur et inventeur de mots polis et impolis, est né à la philo, qu'il a rejetée. Il a renaît tout naturellement à la folie ! Cette dernière devenue le liquide amniotique dans lequel baigne à longueur de bassisn l'adulte qu'il est, il y excelle à sa manière, mieux que le célèbre tableau, qu'il s'agisse de redondances travaillées, d'intersections de sens et de naissance, puisqu'il revendique une sorte d'anti-maternité. Ce propos complexe, méandreux, plus freudien que philosophique, pléthorique parfois, a l'ambition de bousculer, mais jusqu'à quelle assise ? Peut-être n'en recherche-t-il aucune précisément. L'identifierait-il, qu'il la contesterait encore. Désolé, mais j'ai dû partir à 17 heures justes pour cause RV chez moi ; je n'ai donc pas assisté aux prestations de Gabriéla Merloni - que je connaissais déjà - et Cheikh Diop. a-r
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